Antenne 5G (source : Huawei)
La diffusion hertzienne n'est pas un acte anodin. Chaque radio étant techniquement impliquée, l'évolution du paysage hertzien ne peut se faire que dans les règles de l'art, et implique des responsabilités, tant logistiques que réglementaires. Face à cette "vieille école", l'hyperdémocratisation des technologies connectées donne l'illusion – depuis plus de vingt ans – qu'internet permet pléthore d'usages interactifs avec peu de contraintes…
À l'heure du très haut débit mobile, les stations tremblent face à la jeunesse qui déserte leurs ondes. Pourtant, comparer la radio à la 4G est un débat stérile s'il n'est pas articulé autour d'un usage identifié. Avant de savoir si votre radio doit miser gros sur le tout mobile, posez-vous la question du mode d'écoute de vos auditeurs.
À l'heure du très haut débit mobile, les stations tremblent face à la jeunesse qui déserte leurs ondes. Pourtant, comparer la radio à la 4G est un débat stérile s'il n'est pas articulé autour d'un usage identifié. Avant de savoir si votre radio doit miser gros sur le tout mobile, posez-vous la question du mode d'écoute de vos auditeurs.
Par exemple, les réseaux mobiles 3G et 4G sont parfaitement incapables de garantir la diffusion continue d'un signal audio vers des milliers d'auditeurs en mouvement dans une agglomération… Garder une webradio à l'écoute pendant une demi-heure sur le périphérique parisien au fil des ponts et tunnels relève de la science-fiction, à moins de consentir des sacrifices drastiques sur la qualité audio, ou pire, sur la latence… Et en radio, la latence, c'est sale.
Match de foot VS Shazam
Chacun sa notion de direct...
Soyons réac quelques minutes pour défendre nos pylônes FM, avec le fameux exemple du match de football. Il n'est pas possible, et ne sera pas possible avant encore plusieurs années, de garantir la diffusion en véritable DIRECT sur les réseaux mobiles pour des auditeurs en mouvement (voiture, métro, etc.). Même la 5G, malgré sa technique véritablement réinventée qui permet d'améliorer la robustesse du signal, n'apportera concrètement aucune garantie de bande passante individuelle stable et continue à ses usagers.
Les autoradios Carplay de série dans les voitures neuves n'y changeront rien. Quand une équipe marque un but, les auditeurs radio le vivent dans la seconde, car le signal est propagé en clair, de manière collective et immédiate sur les ondes. Essayez de vous abonner au streaming de votre radio préférée, un soir de match dans une voiture… Entre les différentes étapes d'encodage, de mise en cache, de transport… puis la qualité de réception de votre réseau mobile à l'instant T, le dernier caprice de votre carte SIM, les notifications de votre téléphone qui viennent polluer l'écoute… Avec un peu de chance, les klaxons de vos voisins d'embouteillage vont donneront une vague idée du score avant même que le penalty ne soit tiré.
À l'inverse, faire une recherche musicale en deux clics, et écouter le résultat dans les secondes qui suivent, voilà un usage purement mobile, qui laisse sur le carreau même le plus sexy des multiplexes DAB+. Cette prouesse interactive n'est pas à la portée de la radiodiffusion unidirectionnelle, fût-elle numérique.
Les autoradios Carplay de série dans les voitures neuves n'y changeront rien. Quand une équipe marque un but, les auditeurs radio le vivent dans la seconde, car le signal est propagé en clair, de manière collective et immédiate sur les ondes. Essayez de vous abonner au streaming de votre radio préférée, un soir de match dans une voiture… Entre les différentes étapes d'encodage, de mise en cache, de transport… puis la qualité de réception de votre réseau mobile à l'instant T, le dernier caprice de votre carte SIM, les notifications de votre téléphone qui viennent polluer l'écoute… Avec un peu de chance, les klaxons de vos voisins d'embouteillage vont donneront une vague idée du score avant même que le penalty ne soit tiré.
À l'inverse, faire une recherche musicale en deux clics, et écouter le résultat dans les secondes qui suivent, voilà un usage purement mobile, qui laisse sur le carreau même le plus sexy des multiplexes DAB+. Cette prouesse interactive n'est pas à la portée de la radiodiffusion unidirectionnelle, fût-elle numérique.
Est-il trop tard ?
Au moins, lorsque la TNT s'est implantée il y a 13 ans, les premiers services de vidéo à la demande n'étaient encore qu'au stade de l'expérimentation, et le grand public n'avait même pas encore développé cet instinct de consommation en différé et à la carte. Essayez un peu d'imaginer à quoi aurait ressemblé la grande campagne de bascule vers la TNT si des ovnis comme YouTube ou Facebook avaient fait partie de notre quotidien en avril 2005… Flop garanti.
Un réel enjeu d'information collective attend nos élus : déjà qu'il est difficile d'expliquer aux curieux que le DAB+ n'apporte pas de réponse à ces usages émergents, alors imaginez le travail de vulgarisation qui attend les autorités publiques pour expliquer à madame Michu pourquoi elle doit remplacer son poste de radio pour un autre équipement beaucoup moins spectaculaire et magique que le premier smartphone venu équipé de Shazam et Spotify.
Les radios qui aiment le reportage, les concerts ou les mix originaux ont tout à gagner sur ce terrain. Bien accompagnée dans sa transition numérique, une station peut renforcer son audience et aller chercher des auditeurs sur de nouveaux marchés en développant son activité du podcast natif.
Un réel enjeu d'information collective attend nos élus : déjà qu'il est difficile d'expliquer aux curieux que le DAB+ n'apporte pas de réponse à ces usages émergents, alors imaginez le travail de vulgarisation qui attend les autorités publiques pour expliquer à madame Michu pourquoi elle doit remplacer son poste de radio pour un autre équipement beaucoup moins spectaculaire et magique que le premier smartphone venu équipé de Shazam et Spotify.
Les radios qui aiment le reportage, les concerts ou les mix originaux ont tout à gagner sur ce terrain. Bien accompagnée dans sa transition numérique, une station peut renforcer son audience et aller chercher des auditeurs sur de nouveaux marchés en développant son activité du podcast natif.
Et la 5G ?
Si vous avez lu dans une publicité que la 5G allait changer votre vie, restez prudent : ça reste de l'IP mobile, avec les mêmes contraintes d'engorgement que les générations successives de GSM sous stéroïdes qu'on nous sert depuis 15 ans. C'est effectivement plus performant que la 4G sur à peu près tous les points, en conditions équivalentes ; mais là encore, rien ne permettra d'être réellement immunisé contre les problèmes de saturation en zone dense. Pire, les limites du "handover" en TGV ou sur l'autoroute sont toujours aussi problématiques sur le papier, puisque l'essentiel des avancées techniques de la 5G se situe sur les très hautes fréquences (300 GHz…), premières sacrifiées par les intempéries et les terminaux en mouvement.
Lorsque des milliers de personnes essaient de faire passer leur trafic internet dans le même entonnoir, vous avez beau repeindre l'entonnoir, lubrifier l'entonnoir, ou agrandir l'entonnoir… ça reste un entonnoir, qui débordera tôt ou tard. Et avec le volume d'objets connectés qui émerge chaque année sous nos sapins, ce sera plus tôt que tard !
Lorsque des milliers de personnes essaient de faire passer leur trafic internet dans le même entonnoir, vous avez beau repeindre l'entonnoir, lubrifier l'entonnoir, ou agrandir l'entonnoir… ça reste un entonnoir, qui débordera tôt ou tard. Et avec le volume d'objets connectés qui émerge chaque année sous nos sapins, ce sera plus tôt que tard !
Le monde sans fil est à vous
Quoi qu'il arrive, nos réseaux 3G resteront un appui indispensable pour faire tampon dans les zones en limite de réception, tout comme il n'est pas rare de voir encore apparaître un bon vieux signal EDGE au hasard d'une zone blanche sur les routes de montagne !
Avant de voir la 5G pointer le bout de son nez dans nos zones rurales, il est toujours utile de mesurer in situ ce que permet déjà la dernière génération de 4G+ chez Monaco Telecom (laboratoire technique de Free Mobile). Depuis avril 2017, leurs abonnés peuvent aller chatouiller 1 Gbps de bande passante avec le téléphone adéquat… Une performance commerciale réelle dopée à la 4G, qui n'a rien à envier aux démos techniques de 5G dans les salles de presse des équipementiers les plus ambitieux.
Tout cela nous rappelle qu'avant d'attirer le grand public vers une technologie qui peine à solliciter de l'investissement, la 4G+ a encore de beaux jours devant elle, et nous risquons donc de devoir "faire avec" pendant quelques longues années. Quant à la radiodiffusion, si l'exode des auditeurs continue sa course folle, elle pourrait à terme ne plus être légitime que pour le direct pur et dur, ainsi que les missions de service public et les messages d'urgence.
Avant de voir la 5G pointer le bout de son nez dans nos zones rurales, il est toujours utile de mesurer in situ ce que permet déjà la dernière génération de 4G+ chez Monaco Telecom (laboratoire technique de Free Mobile). Depuis avril 2017, leurs abonnés peuvent aller chatouiller 1 Gbps de bande passante avec le téléphone adéquat… Une performance commerciale réelle dopée à la 4G, qui n'a rien à envier aux démos techniques de 5G dans les salles de presse des équipementiers les plus ambitieux.
Tout cela nous rappelle qu'avant d'attirer le grand public vers une technologie qui peine à solliciter de l'investissement, la 4G+ a encore de beaux jours devant elle, et nous risquons donc de devoir "faire avec" pendant quelques longues années. Quant à la radiodiffusion, si l'exode des auditeurs continue sa course folle, elle pourrait à terme ne plus être légitime que pour le direct pur et dur, ainsi que les missions de service public et les messages d'urgence.